Economie : AP 5 : Comparaison de sujets de travaux dirigés en terminale et dans le postbac (Première année de faculté)


Pour préparer la rencontre avec les professeurs du DEJEP (antenne droit et AES de Périgueux) nous allons comparer deux sujets de Travaux dirigés afin de saisir les complémentarités mais aussi les différences d'attente entre les TD de SES de terminale et les TD du cours d'introduction à la macroéconomie :




D'abord un exemple d'enseignement dirigé (ED) du cours d'introduction à la  macroéconomie portant sur le thème des politiques économiques dans la zone euro : 4 séances (dont le rappel des fondamentaux de la dissertation)






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Dans un second temps le TD sur le thème 122 que nous allons travailler en TD - Sujet de dissertation : A partir de l’analyse comparée de l’Allemagne et de la France vous montrerez que les chocs d’offre  et de demande permettent d’expliquer  les origines de la crise que traverse la zone euro aujourd’hui  :



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Pour enrichir le débat un article de la tribune  : 

"L'Allemagne ne peut pas être un modèle pour la zone euro"


ENTRETIEN
Philippe Legrain estime que le "modèle allemand" ne fonctionne pas.
Philippe Legrain estime que le "modèle allemand" ne fonctionne pas. (Crédits : DR)
Romaric Godin  |   -  1187  mots
"Il faut d'urgence changer la politique européenne", c'est le cri d'alarme que lance Philippe Legrain, ancien conseiller économique de José Manuel Barroso et chercheur associé à la London School of Economics. Pour La Tribune, il livre sa vision très critique du modèle allemand et de l'Europe.

La Tribune - Dans un texte récemment publié sur la plateforme Project Syndicate, vous estimiez que le « miracle économique allemand » n'était en réalité qu'un « mirage. » Comment fonctionne, selon vous, l'économie allemande ?
Philippe Legrain - Depuis le début des années 2000, lorsqu'elle était perçue comme « l'homme malade de l'Europe », l'Allemagne n'a pas montré de vrai dynamisme économique - depuis dix ans, la productivité des travailleurs allemands augmente de seulement 0,9 % par an en moyenne, c'est moins même qu'au Portugal - elle s'est contentée de baisser les coûts, notamment salariaux. L'allemand moyen gagne moins en termes réels qu'en 1999 ! Ces coûts artificiellement bas ont dopé la compétitivité du pays et ont soutenu les exportations, ce qui a conduit à de très forts excédents. Mais ces excédents ont été très mal investis. Jusqu'en 2008, ces investissements se sont dirigés vers l'Europe du sud où ils ont alimenté les bulles et vers les produits de subprime américains.
LT - C'est ce qui explique les difficultés du secteur bancaire allemand ?
PL - Tout à fait. Les opérateurs de marché le savent bien, l'argent des banques allemandes - donc de l'épargne allemande issue des excédents - est très souvent mal investi. Partout au monde où le capital est mal alloué, on retrouve les banques allemandes.
LT - Selon vous, ce modèle économique n'a pas d'avenir ?
PL - En comprimant en permanence les salaires et en investissant peu, l'Allemagne ne peut guère compter sur le dynamisme de sa demande intérieure. Elle reste dépendante des exportations. Or, la croissance de ces dernières était tirée jusqu'à récemment par deux facteurs principaux : la croissance de l'Europe du sud et le développement industriel de la Chine. Ces deux facteurs n'existent plus. L'Europe du sud est entrée dans une longue crise et la Chine ralentit et change de modèle économique et se concentre désormais sur le développement du secteur des services, elle a donc moins besoin des biens d'équipement allemands. Le modèle allemand est donc sur le déclin. La part de marché mondiale de l'Allemagne est revenue à son niveau des années 2000 et la valeur ajoutée des entreprises allemandes est au plus bas.
LT - En Allemagne, on estime pourtant que la demande intérieure pourrait reprendre le relais...
PL - Depuis des années, on nous annonce le « rééquilibrage » de l'économie allemande. Mais rien de concret ne vient réellement. En 2013, selon l'office fédéral des statistiques, les salaires réels allemands ont encore reculé de 0,1 %. Les salaires ne s'ajustent donc pas. La demande intérieure demeure faible et les excédents continuent de battre des records...
LT - Ce serait donc une erreur de vouloir imposer le modèle allemand au reste de la zone euro ?
PL - L'Allemagne ne peut pas être un modèle. C'est une immense erreur de vouloir copier ce qui ne marche guère en Allemagne au reste de la zone euro. Dans un contexte où la croissance mondiale est faible et où les exportations ne peuvent plus guère progresser, l'Allemagne exporte sa déflation au reste de l'Europe.
LT - L'Allemagne ne semble cependant pas prête à se remettre en cause. Votre texte a provoqué de vives réactions outre-Rhin où l'on vous a accusé de « German Bashing »....
PL - Je récuse totalement cette accusation. Mon propos n'est pas xénophobe, c'est une critique d'une politique, celle menée par Angela Merkel. Il est pour moi de la même nature que les critiques que je peux adresser au gouvernement britannique. Cette réaction me rend triste, mais je constate qu'en Allemagne, il existe un mouvement qui commence à engager cette critique également. L'ouvrage de Marcel Fratzscher intituléL'illusion allemande a été bien reçu au sein de la SPD, c'est un premier signe...
LT - Pour sortir de la crise de la zone euro, vous préconisez une restructuration des dettes...
PL  - La dette publique et privée n'a pas baissé depuis le début de la crise en 2007. Alors que l'on affirme que cette crise est une crise de surendettement. C'est une preuve que les politiques actuelles ne réussissent pas. Vu les contraintes imposées par les règles fiscales européennes et les tabous monétaires allemands, je ne pense pas que la zone euro puisse échapper à la stagnation et croître assez rapidement pour sortir de la dette. Il faut donc réfléchir à la restructuration des dettes. C'est le seul moyen d'éviter la déflation. Dans le cas de la dette publique, cela paraît inévitable en Grèce et hautement souhaitable dans le cas du Portugal. Dans le cas de la dette privée, le FMI défend l'idée qu'il faut restructurer la dette des entreprises en Europe du sud, ainsi que la dette immobilière. Les Etats-Unis sont parvenus à réduire leur dette immobilière par la restructuration et l'inflation. En Europe, nous n'avons ni l'une, l'autre. La sortie de crise n'est pas possible dans ces conditions.
LT - L'euro peut-il continuer à exister si la zone euro reste dans la logique du « modèle allemand » ?
PL - Il existe deux forces très puissantes en faveur de l'euro : un engagement fort des institutions pour sauver la monnaie unique et une volonté majoritaire des épargnants de vouloir que leur épargne demeure libellée dans une monnaie forte. Il y a aussi la peur du changement. Mais qu'en sera-t-il après 10 ans ou plus de stagnation ? Les opinions publiques peuvent changer et choisir des gouvernements qui souhaitent ou qui sont prêts à sortir de la zone euro. Si Matteo Renzi échoue en Italie, le mouvement de Beppe Grillo pourrait imposer un référendum sur l'euro. Syriza pourrait l'emporter dès l'année prochaine en Grèce. Sans compter qu'avec la politique actuelle, on peut imaginer que l'Italie devienne insolvable. Comment alors sauver l'euro ?
De façon générale, je suis frappé de constater que les dirigeants européens sont davantage obsédé par le sauvetage de l'euro que par le bien-être des européens. J'ai pu en faire l'expérience lorsque je travaillais à la Commission européenne. Mais si le chômage reste élevé, les salaires bas et la croissance faible, ce n'est pas une réussite. Si une génération perdue de jeunes ne peux pas trouver d'emploi, ce n'est pas une réussite. Si l'Europe est de plus en plus impopulaire et Marine Le Pen de plus en plus populaire, ce n'est pas une réussite. Certes, je souhaite que l'euro survive, mais le plus important, c'est le bien-être des européens. Il faut donc changer de politique d'urgence.
Philippe Legrain est l'auteur de European Spring : Why Our Economies and Politics are in a Mess - and How to Put Them Right, (Le printemps européen : pourquoi nos économies et nos politiques sont en désordre et comment le remettre d'aplomb), édition Creative Books, 484 pages, 13,70 euros.


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