Economie Approfondie : Travail semaine du 14 au 17 avril : 2.2 - Comment la politique de la concurrence permet-elle de limiter les abus de position dominante et les freins à la concurrence ?


Thèmes et questionnements
2.2  - Comment la politique de la concurrence permet-elle de limiter les abus de position dominante et les freins à la concurrence ?
Notions
de terminale et acquis de première
Notions de Terminale : Abus de position dominant, cartels




Travail à faire
Ø  Visionnez les vidéo  de la semaine précédente:

ü  Fusions,  acquisitions et Autorité de la concurrence

Ø  Puis lisez le cours ci-dessous   :
Fiche de synthèse construite à partir des cours de collègues de SES , en particulier l’excellent cours de Jacques Ghiloni ( cours plus complet  disponible : Les politiques de la concurrence)

       I.            La politique de la concurrence a pour objectif de préserver ou de promouvoir la concurrence
B.     Le contrôle des opérations de concentration ex ante

Ø  le droit de la concurrence de la plupart des pays industrialisés a progressivement intégré dans ses domaines d’interventions le contrôle des opérations de concentration, c’est-à-dire toutes les opérations qui ont en commun d’affecter les structures de marché : fusions, acquisitions, transferts d’actifs, prises de contrôle et créations de filiales communes. En effet,  certaines opérations de croissance externe sont susceptibles de créer ou de renforcer une position dominante sur le marché et donc d’affecter sensiblement le jeu des forces du marché. Le contrôle des concentrations est prospectif et préventif, alors que le contrôle des comportements est rétrospectif et répressif (voir les lois antitrust).

Ø  Dès la constitution de la CEE, le contrôle communautaire des opérations de concentration est apparu comme un objectif d’autant plus important que les perspectives du marché commun puis du marché intérieur devaient permettre aux entreprises d’exploiter les économies d’échelle associées à la taille croissante du marché et donc s’accompagner d’un vaste mouvement de restructuration.
·         Le droit communautaire du contrôle des concentrations a longtemps retenu comme critère de fond pour l’évaluation d’une opération de concentration celui de la création ou du renforcement d’une position dominante individuelle ou collective.
Exemple : Ainsi après la cession préalable par Perrier à BSN des actifs de Volvic, le marché des eaux minérales en France se trouvait réparti entre, d’une part, un oligopole à trois firmes : Nestlé (20-25 %), Perrier (20-25 %) et BSN (32 %) et, d’autre part, une frange concurrentielle composée de firmes de petite taille de part agrégée de l’ordre de 20 à 30 %. La fusion Nestlé/Perrier en 1991 transformait le marché en un duopole composé de la nouvelle entité (40-50 %) et de BSN (32 %), le reste étant réparti entre les firmes de la frange concurrentielle. La Commission a estimé que le risque d’une domination conjointe du marché par les membres du duopole ne pouvait être écarté. La Commission européenne a accepté la fusion sous réserve que Nestlé/Perrier transfère 20% de parts de marché, et donc Vichy, Thonon, Pierval, St-Yorre et autres sources mineures sont cédées à un troisième concurrent, le groupe Castel.

·         Il y a eu une réforme du droit communautaire du contrôle des concentrations en 2004 :
o    le test de dominance économique a été remplacé par le test de l’entrave significative de concurrence, équivalent du test anglo-saxon dit de réduction substantielle de concurrence  : l’article 2 du règlement 2004 énonce que « les concentrations qui entraveraient de manière significative une concurrence effective dans le marché commun ou une partie substantielle de celui-ci, notamment du fait de la création ou du renforcement d’une position dominante, doivent être déclarées incompatibles avec le marché commun ».
o    Les gains potentiels d’efficacité liés à la fusion ont été explicitement introduits dans le nouveau règlement du contrôle des concentrations. La Commission reconnaît à présent explicitement que les fusions peuvent conduire à des gains de compétitivité. Donc le nouveau règlement reconnaît que ces gains peuvent contrebalancer les effets négatifs d’une opération de concentration et qu’il convient de procéder à un bilan global. Cependant, l’évaluation de ce bilan est toujours délicate, car elle repose sur des informations prospectives ayant trait à des conditions non directement observables.
Exemple : En 2009, la Commission européenne a décidé d'infliger une amende de 20 millions d'euros à Electrabel, un producteur et fournisseur d'électricité appartenant au Groupe Suez (maintenant GDF Suez) pour l'acquisition du contrôle de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), un autre producteur d'électricité, sans avoir reçu d'autorisation préalable en vertu du règlement européen sur les concentrations. La Commission a conclu que l'infraction a eu une durée significative et qu'Electrabel aurait dû être consciente de son obligation d'obtenir l'autorisation de la Commission avant d'acquérir le contrôle.

C.    Comment sanctionner, comment réguler ?

Ø  La politique de la concurrence consiste alors en un ensemble de mesures destinées à accentuer la concurrence sur les marchés. Les pouvoirs publics la mettent en œuvre en raison des vertus que l’on accorde à la concurrence:
·         la concurrence permet de faire baisser les prix, ce qui améliore d’une part la compétitivité des entreprises et d’autre part le pouvoir d’achat des ménages;
·         elle encourage l’innovation car elle permet de se démarquer des concurrents, or l’expérience montre que l’innovation a des effets d’entraînement positifs sur l’ensemble de l’économie;
·         elle est favorable à l’emploi, puisque l’expérience montre que l’arrivée de nouveaux concurrents crée des emplois et qu’en plus la compétitivité du secteur s’améliore

Ø  Sur le plan institutionnel, en France, les autorités de concurrence comprennent :
·         un échelon communautaire : la Direction générale de la concurrence de la Commission eu­ropéenne
·         et un échelon national : l’autorité de la concurrence.

Ø  Pour apprécier le pouvoir de marché et juger de l’existence d’une position dominante, il faut pouvoir délimiter le marché en cause. La politique de la concurrence s’appuie sur la délimitation du marché pertinent :
Ø  Marché pertinent: c’est le lieu de confrontation entre l’offre et la demande de biens et services substituables entre eux mais non substituables à d’autres biens et services. Il comporte, sur une zone géographique délimitée, tous les biens ou services dont on peut penser que les demandeurs les considèrent comme interchangeables et substituables en raison de leurs caractéristiques, de leurs prix et de l’usage auquel ils sont destinés.
Le marché pertinent est le marché sur lequel s’exerce une concurrence effective. Il a une double dimension : 
o    de produits : quels produits appartiennent au même marché? Il s’agit de produits que le consommateur considère comme interchangeables.
o    Géographique : sur quelle zone géographique s’exerce effectivement la concurrence ?
Ø  L’entreprise a intérêt à la définition la plus large possible du marché pertinent puisque cela lui permet de minimiser le calcul de sa part de marché. En revanche, si on définit le marché de façon étroite, l’abus sera plus souvent caractérisé puisque l’entreprise sera considérée comme ayant une position dominante, ce qui est un préalable à l’établissement d’un abus.
Un exemple : Le refus du rachat de "Dr Pepper" par la firme Coca-Cola aux Etats-Unis en 1986. La Federal Trade Commission, autorité de la concurrence compétente, a indiqué que le marché pertinent de Coca-Cola était celui des soft drinks. Elle a estimé que le rachat de Dr Pepper par Coca-Cola la placerait en situation dominante. Pour mener à bien le rachat, Coca-Cola a tenté sans succès de démontrer que son marché pertinent était celui des boissons en général.





Ø En conclusion  : je vous propose de m’envoyer pour vendredi le sujet suivant : Quel est le rôle de la politique de la concurrence à l’égard des abus de position dominante ?
Il est demandé au candidat de répondre à la question posée par le sujet :
-       en construisant une argumentation ;
-       en exploitant le ou les documents du dossier ;
-       en faisant appel à ses connaissances personnelles.
II sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
Quel est le rôle de la politique de la concurrence à l’égard des abus de position dominante ?


DOCUMENT

L'Autorité de la concurrence sanctionne la société [X] pour avoir contraint ses revendeurs à appliquer des prix conseillés.
[X], leader du secteur des boules de pétanque, contraignait les revendeurs (grandes enseignes spécialisées, commerçants indépendants, sites internet) à respecter ses prix catalogue sous peine de représailles commerciales (retards de livraison, blocages de commandes, …).
La politique d'uniformisation tarifaire exercée par [X], opérateur en position dominante, a eu pour effet d'empêcher que ses propres points de vente ne soient concurrencés en prix par les revendeurs. Ces derniers n'ont pas pu, pour dynamiser leurs ventes, proposer des prix moins chers. Les consommateurs ont, quant à eux, été privés de la concurrence tarifaire entre ces revendeurs.
Ces pratiques se sont déroulées de mai 2009 à juillet 2016 […]. [X] a sollicité le bénéfice de la procédure de transaction qui permet à une entreprise renonçant à contester les faits de se voir proposer une transaction financière. L'Autorité a ainsi prononcé une sanction de 320 000 euros. Elle a notamment tenu compte de la mise en place par la société d'un programme de conformité (formations du personnel au droit de la concurrence, rapport annuel remis à l'Autorité faisant état des mesures prises dans ce domaine, ...) destiné à prévenir toute réitération* des pratiques.




* réitération : répétition.

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